Au niveau des élèves
1. Ceux qui attachent une importance excessive aux grades
Nous l’avons vu plus haut, donner un grade à un professeur n’a aucun sens puisqu’il est le patron.
Un grade n’est pas une norme régionale, nationale ou internationale indiquant une valeur, une compétence. Rappelons que « dan » signifie « degré », comme les marches d’un escalier et donne la position d’un individu dans l’entreprise (dojo). Ce n’est pas un repère dans la connaissance de l'aïkido et n’aide en rien à se situer dans la progression de cette discipline. Pourtant, combien de personnes pensent-elles le contraire ?
Pourquoi ? Parce qu’on aborde l'aïkido avec notre formatage culturel qui, soit dit en passant, ne demande aucun effort, ni aucune compétence.
Ainsi aboutit-on au paradoxe suivant : des professeurs réputés et des ignorants n’ayant jamais pratiqué l'aïkido portent le même avis sur le grade : un critère de valeur fondé sur un système formaté, occidental, système universitaire, militaire, sportif…
Aussi, afin de satisfaire cette aberrante notion occidentale de grade, va-t-on entretenir cet état d’esprit :
Lors de passages de grades, par exemple, où des jurys jugeront des pratiquants qu’ils ne connaissent pas, exécuter des catalogues de techniques. Des pratiquants désireux d’obtenir un grade lors d’un examen, vont « bachoter » toute l’année pour un mini psychodrame d’un quart d’heure devant un jury. Un grotesque numéro de duettistes qui ne saurait en aucun cas faire valoir de compétence martiale.
Comprenez bien : dans le domaine martial, une technique réussie vous êtes vivant, une technique manquée, vous êtes mort. La technique n’est que le moyen et non l’objectif. Ne pas comprendre cela est la plus grande erreur pédagogique que l’on puisse commettre.
Magnifique constat d’incompétence et d’incompréhension, néanmoins tellement évident et crédible pour un occidental ! Pris en flagrant délit d’ignorance, la personne à laquelle vous ferez part de vos questionnements vous rétorquera qu’on n’est pas au Japon, qu’ici en France, les lois du pays imposent de tels systèmes de grades. Invoquer le fatalisme est une facilité : cela dispense de réfléchir.
Pis encore, on ira jusqu’à prétendre que ce comportement aberrant permet de protéger les foules ignorantes des escrocs de tous poils, qui ne procèdent pas ainsi, et qui ne cherchent qu’à les abuser et les exploiter.
Croire en l’appréciation d’une qualité martiale par des gens que l’on ne connaît pas est absurde. Un pratiquant d’art martial ne se fie qu’à son propre jugement. Une belle carte de visite n’est que le signe que la personne qui vous la présente a les moyens de se payer un imprimeur...
Aux yeux du pratiquant d'aïkido, se livrer à pareille pantomime pour satisfaire à des critères qui n’ont rien de l'aïkido est ubuesque. Cela explique toutefois les tensions et les dires des différentes fédérations, bref, toute l’histoire de l'aïkido en France depuis 50 ans. L'aïkido ne s’apprécie pas à l’aune de critères occidentaux ancrés dans des approches militaires, universitaires ou même sportives.
2. Ceux qui ne veulent être l’élève de personne
Il s’agit de ceux qui pensent n’avoir que des droits mais aucune obligation, qui veulent commencer en étant directement « patron ».
Ceux-là ne peuvent être tolérés au sein d’un dojo, au même titre qu’aucun patron n’embauchera un salarié qui refuse de travailler pour lui ou d’obéir à ses ordres.
De même qu’un patron emploie un salarié pour ses compétences. Si les lacunes ou l’incompétence de ce dernier mettent en jeu la réputation, le développement et la vie de l’entreprise, il ne peut que se retrouver très vite à la porte. Il en va ainsi au sein d’un dojo.
3. Ceux qui prétendent améliorer l'aïkido
Nous avons parfois à faire à des individus qui, sans jamais avoir appris l'aïkido, voudraient que celui-ci fonctionne selon leurs délires, c’est-à-dire selon leurs propres conceptions de l’administration, de la gestion associative…
Ils commencent par critiquer ce qu’ils voient et prétendent que l’on devrait faire autrement, comme dans d’autres domaines qui n’ont rien à voir avec l'aïkido, tels par exemple le syndicalisme ou les partis politiques.
Cette attitude dénote une haute opinion de soi car, sans connaître la discipline, on prétend l’améliorer en changeant son fonctionnement. C’est ce que l’on qualifie de « misonéisme », à savoir l’incapacité à apprendre quelque chose de nouveau.
Ces individus n’ont rien à faire dans un dojo d'aïkido. Ils passeront leur temps à vouloir dénaturer la discipline pour qu’elle ressemble à ce qu’ils connaissent dans d’autres domaines. A l’instar de l’entreprise, un employé se permettant d’aller expliquer au patron comment il doit gérer son affaire prendra la porte dans l’instant qui suit.